Que se passe-t-il quand j'écris ? Script Corpus Ma muse !
Écrire et engager son corps
amuse-bouche amuse ma bouche amuse ta bouche amuse-ma-ta-bouche
Amuse ma ta bouche - est-ce du théâtre ? ce n'est pas du cinéma quoiqu'un peu de vidéo pour tourner autour du pot mais que se passe-t-il dans le pot ? rien du tout - alors autant tourner autour - ça fait toujours une occupation... Mis à part pour ceux qui veulent vaquer à d'autres.
Amuse ma ta bouche - quand j'écris, je m'amuse, je m'amuse-ma-ta-bouche beaucoup. Je laisse mes doigts boudinés [boudinés=adjectif inutile car complètement subjectif, voire faux n'apportant rien de plus au texte quoique...] s'activer sur le clavier. Je cours, je m'essouffle, je reprends ma course, je pars, je suis, je reviens, j'abandonne, je m'abandonne, je coupe des mots avec une souris, je saute, je survole, je déplace des lignes, je bouge beaucoup.
Amuse ma ta bouche - Amouche... mah ! T'abuse ! Et voilà une progression (régression ?) langagière qui ne sort que d'une langue qui fourche, qui butte, qui claque, qui s'épaissit, qui... pâteuse, qui... lourde, qui... blanche, qui... tendre, qui... musclée, qui... rosée, qui... sucrée/salée, qui... papille. Sans elle pas d'abus. Mais alors ça voudrait dire qu'avec une langue coupée on ne sait pas écrire ? Mais si voyons ! juste un peu de mal à fourcher car : n'a-t-on pas de mal à tenir une fourchette sans doigts ?
Ta mouche bat ma muse ! Déplacement. Lorsque mes
doigts (boudinés ou non, on s'en fout) claquent sur le clavier et que mes mots
s'enchainent les uns avec les autres sans que je sache vraiment d'où ça
provient, que je me déplace virtuellement dans le monde que je construis, que
je sens ma muse (ma chatte noire Amapola, coquelicot en
Espagnol, qui dort sur le canapé) m'habiter et c'est là que ta mouche (à la
tienne Marguerite !) passe. Déstabilisant. Mes yeux perdent l'équilibre et
virevoltent à leur tour et mes doigts (boud...on s'en fout !) s'interrompent
alors qu'ils espèrent tant se reproduire.
Voilà ce qu'il se passe quand
j'écris, quand je m'arrête, quand je bloque, quand je repars. Je m'abandonne,
je dé maîtrise, je me secoue, je me déplace, mon corps s'adresse à, pour,
contre, avec. Mon corps écrit. Le corps est vivant,
l'écriture est vivante. Elle glisse, elle suinte, elle transpire, elle saigne,
elle salive. Une écriture corporelle.
C.M